Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Irisalyre
8 octobre 2013

Hommage à Saint-John Perse

 

 

 « Nos œuvres vivent loin de nous dans leurs vergers d'éclairs » Nous entendrons encore votre parole qui passe la mesure du temps, et les eaux-vives de votre poème qui chantent au cœur illuminé de l'éternel instant.

 

Et vos œuvres nourrissent plus d'un cœur fervent et brillent à nos vaisseaux d'exil et d'aubes éblouies, brillent comme pains de lumière à nos chemins de nuit.

 

« (Que) le poète proféré se hâte dans l'Histoire » ! Et nous écouterons longtemps encore sa parole résonner sur tous rivages où médite notre âme «  l'oreille à ces coraux où gît la plainte d'un autre âge »

 

 

 

Comme vous l'exprimiez, lors de l'attribution du Prix Nobel qui à vos yeux était jour de célébration de la Poésie, « Le poète existait dans l'Homme des cavernes, il existera dans l 'âge atomique : parce qu'il est part irréductible de l'homme. De l'exigence poétique, exigence spirituelle, sont nées les religions elles-même, et par la grâce poétique, l'étincelle du divin vit à jamais dans le silex humain » .

 

Elle vit « par la grâce d'un langage où se transmet le mouvement même de l'être » Et cet éclat singulier du langage qui habite à jamais votre œuvre continue de briller comme astre unique dans la constellation des plus grands poètes qui s'en vinrent, porteurs d'un souffle d'or, chanter le mystère de cette nuit d' Homme et l'énigme de sa destinée aux marches tragiques de l'Histoire.

 

 

 

Astre solaire dans la nuit du monde ou comète qui a surgi dans le ciel toujours imprévisible de la poésie et comme l'essence même de sa fulguration, votre œuvre vit au cœur d'homme, comme sa langue originelle, langue vernaculaire de l'Ether et de la Mer.

 

Ainsi avec l'éclair au front du poète toute langue natale s 'éveille-t-elle depuis toujours des limbes de son bois dormant, ainsi votre voix singulière s'élève-t-elle d'un coup d'ailes sûr comme une pluie d'oracles au dessus de la mer immense d'une langue-mère et de plus longue mémoire ! Et c'est la voix pure d'une langue vernaculaire de l'âme et de l' Ether où prend naissance la poésie ensemencée de son nocturne mystère.

 

Et de cette langue-mère immémoriale a pris forme votre poème où sous le souffle d'un grand rythme périodique exulte un peuple d'images euphoniques parmi les nombres retrouvés de l' harmoniecosmique !

 

 

 

Saint-John Perse avec cette poésie qui sculpte votre masque d'or aux portes muettes du divin, retrouvons le vaste mouvement rythmique de l'univers et son énigme originelle en ce battement d'ailes majestueux de l' Oiseau qui suspend son vol au dessus de la Mer.

 

Retrouvons dans le grand souffle prosodique du verset rythmé et assonancé, l'appel de ce mystère poétique donné « par la grâce d'un langage où se transmet le mouvement même de l'être » .

 

« Message reçu en langage clair par illumination du cœur »

 

Saint-John Perse vous êtes entré par effraction divine, avec ce souffle venu des îles, comme une visitation au pays de la raison et comme une oraison sur le pays de France. Et de votre île natale venu aux rives de France où fut ciselé par l'orfèvrerie des siècles ce pur diamant d'une langue où miroite la clarté, vous avez su gagner toutes rives à la contagion d'une parole vivante, errante sur toutes grèves de ce monde.

 

Au cœur du naufrage où sombrait le vaisseau démâté de la vieille Europe, vous avez saisi toute la noblesse d'un très beau chant en la stance pure de l'exil et garder très haute la voile du navire hélé d' augures « vers la mêlée des eaux nouvelles ».

 

Et gardant votre regard de nocturne vigile à la proue de ce vaisseau d'exil, vous avez vu monter au cœur d' aubes inouïes un nouvel horizon du mystère poétique sur son berceau d'eaux-vives et de nuit.

 

Vous avez su élever jusqu'à la grâce et sa scansion incandescente, la beauté de cette langue d e France et apposer le sceau unique du génie à la geste lumineuse de votre grand poème. » Et n'a-t-il point mimé le mouvement même de l'âme humaine et de l'histoire, voguant sur « cette ^même vague depuis Troie » ?

 

Assumant l'honneur de la langue natale, et subsumant  « l'éclat insoutenable du langage » pour en faire le fervent vassal de l'éclair vous avez forgé cette invulnérable épée de la parole poétique où scintille l' essence spirituelle de l'être ! 

 

Et n'aviez-vous affirmé que « toute poésie est une ontologie » ?

 

 

 

Saint-John Perse, pour honorer votre mémoire nimbée du sceau de cette grâce poétique où « le génie frappe à coups sûrs aux lobes d'un front pur » comme pour saluer votre louange fervente à toutes choses errantes par le monde, où trouverions-nous les signes d'une plus sûre inclination devant votre œuvre de haut lyrisme qu'en ces paroles d'éloges par vous-même prononcées en l'honneur de Dante, à l'occasion du sept centième anniversaire de sa mort :

 

« Il a vécu à hauteur d' Homme des temps qui ne sont pas le temps de l'Homme » .

 

Et de ce plus vaste embrassement des mondes, de cette plus haute saisie du mystère qui fonde la vocation de la poésie, et dit « l'homme éternel au foyer de l'instant » vous avez su en être ce pur écho qui hante votre fascinant verset et résonne jusqu'aux rives d' autres temps: «Le temps que l'An mesure n'est pas mesure de nos songes »

 

Et cette plus intime et singulière expérience de la nuit explorée, fût-elle jamais mieux évoquée qu'en vos strophes d'Amers ?

 

« Ils m'ont appelé l'Obscur et j'habitais l'éclat. L'année dont moi je parle est la plus grande Année »

 

«Je dis qu'un astre rompt sa chaîne aux étables du ciel et l'étoile apatride chemine dans les hauteurs du Siècle vert »

 

 

 

Saint-John Perse, où trouverions-nous strophe plus limpide, qui porte trace de votre connaissance intime du mystère poétique et rende grâce à votre vision de poète levé dans l'estime ? 

 

« Poète est celui-là qui rompt pour nous l'accoutumance ».

 

Georges de Rivas

 

Publicité
Commentaires
Publicité
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
Publicité